Numérique responsable en Vendée : enseignements clés
Le 2 décembre dernier, Optesys Conseil participait à la Matinée du Numérique Responsable, organisée au Potager Extraordinaire par ADN Ouest et la communauté ADN Numérique Responsable.
Un moment riche en échanges et en prises de conscience, réunissant une quarantaine de professionnels intéressés par les enjeux d’un numérique plus sobre, durable et utile.
Un climat constructif et positif a marqué la matinée, porté par des intervenants confiants dans la capacité collective à faire évoluer les pratiques.
L’empreinte environnementale du numérique : des chiffres qui changent la perception
Le numérique est souvent perçu comme immatériel. Pourtant, derrière nos usages quotidiens (cloud, streaming, IA…), ce sont bien des terminaux, des réseaux et des data centers qui consomment de l’énergie et des ressources.
Lors de cet événement, Erwann Fangeat (Coordinateur technique du service « sobriété numérique » à l’Agence de la transition écologique) et Vincent Courboulay (Enseignant chercheur à la Rochelle Université et co-fondateur de l’Insitut du Numérique Responsable) ont apporté un éclairage complémentaire sur ces enjeux.
Ce que révèle l’étude ADEME 2025
Selon la dernière étude de l’ADEME (2025) :
- Le numérique représente 4,4 % de l’empreinte carbone française (29,5 MtCO₂e)
- 46 % provient des data centers, une part en très forte hausse.
- 50 % de l’impact provient des terminaux (fabrication et usage).
- Le numérique pèse 11 % de la consommation électrique française, jusqu’à 14 % en intégrant les usages hébergés à l’étranger.
- Chaque habitant mobilise 1,7 tonne de ressources par an pour ses usages numériques.
Numérique responsable : une vision plus large que le carbone
Pour Vincent Courboulay (INR), le numérique responsable ne se limite pas aux émissions de CO₂.
Il s’agit avant tout de questionner l’utilité réelle du numérique, ses impacts sociaux, éthiques et environnementaux, et la manière dont il est conçu et utilisé.
Pour structurer cette démarche, l’Institut du Numérique Responsable (INR) s’appuie sur quatre axes complémentaires, pensés comme une progression logique.
- Comprendre
Rendre visibles les impacts du numérique : consommation de ressources, émissions de gaz à effet de serre, mais aussi enjeux d’accessibilité, de conditions de travail ou de dépendance aux usages.
Sans cette compréhension globale, il est difficile d’agir de manière pertinente. - Évaluer
Objectiver les impacts grâce à des outils reconnus : analyses de cycle de vie (ACV), bilans carbone, indicateurs d’usage ou de performance.
Cette évaluation permet de sortir du ressenti et d’appuyer les décisions sur des données fiables. - Décider
Sur la base de ces éléments, il s’agit de faire des choix éclairés.
Cela passe par des cadres d’arbitrage : prioriser les fonctionnalités utiles, limiter la surenchère technologique, intégrer la sobriété dès la phase de conception. - Agir
Mettre en oeuvre des actions concrètes : éco-conception des services numériques, allongement de la durée de vie des équipements, bonnes pratiques utilisateurs, mise en place de chartes (dont l’IA responsable) et gouvernance adaptée.
À retenir
Les données de l’ADEME et l’approche de l’INR convergent vers un même message :
👉 le numérique est un levier puissant, à condition d’en maîtriser les impacts et de faire des choix éclairés.
Pour aller plus loin sur ces bonnes pratiques du quotidien, des ressources comme Alt Impact proposent des conseils simples et applicables pour réduire l’impact environnemental du numérique :
👉 https://altimpact.fr/
IA et infrastructures : un nouveau défi énergétique
Les interventions d’Amélie Cordier (docteure en intelligence artificielle, Graine d’IA) et Raoul Auffret (Antauen) ont mis en lumière l’impact spécifique de la data et de l’intelligence artificielle sur les infrastructures numériques.
Avec l’IA, on ne fait pas qu’ajouter du stockage : on ajoute surtout beaucoup de calculs. Les modèles d’IA sollicitent en continu des processeurs spécialisés comme :
- les GPU (Graphics Processing Units), conçus pour effectuer des calculs massifs en parallèle,
- et les TPU (Tensor Processing Units), des processeurs spécifiquement optimisés pour les modèles d’intelligence artificielle.
Ces composants consomment davantage d’énergie, génèrent plus de chaleur et nécessitent des infrastructures adaptées. Leur impact s’inscrit dans une équation globale : électricité, eau, métaux, ressources critiques. Cette évolution change profondément la manière de mesurer et de dimensionner les data centers.
Choisir le bon outil, pour le bon usage
Face à ces enjeux, la question n’est pas « faut-il utiliser l’IA ? », mais comment et pour quoi faire.
Il existe des usages plus vertueux : mieux se servir des outils existants, modérer les usages récréatifs, et surtout choisir un modèle dimensionné au problème à résoudre, plutôt que de recourir systématiquement aux modèles les plus puissants.
Cela suppose de se poser les bonnes questions en amont :
- Ai-je réellement besoin d’un modèle très complexe ?
- Quelle valeur apporte-t-il par rapport à son impact ?
- Quelle part de la résolution du problème doit rester humaine ?
Acculturer pour décider en conscience
L’objectif final est clair : développer une véritable acculturation à l’IA.
Mieux comprendre le fonctionnement et les impacts des modèles permet de gagner en confiance, de faire des choix éclairés et de garder la maîtrise des usages.
À retenir
👉 L’enjeu n’est donc pas d’utiliser plus ou moins d’IA, mais d’en faire un usage mesuré, pertinent et aligné avec les besoins réels, en intégrant pleinement ses impacts environnementaux.
Territoire et entreprises : quelles actions concrètes pour un numérique responsable ?
La table ronde animée par Sophie Mouniau (ADN Ouest) a réuni plusieurs organisations engagées autour du numérique responsable : TIBCO, Les Ateliers du Bocage, La Roche-sur-Yon Agglomération et Optesys Conseil pour le Collectif des Agitateurs Engagés.
Les témoignages ont illustré des actions concrètes :
- sensibilisation et allongement de la durée de vie du matériel,
- réemploi, réparation et reconditionnement,
- pilotage des usages numériques,
- dynamique collective d’échange et d’expérimentation entre entreprises locales.
Ces témoignages ont montré une dynamique locale déjà bien engagée : les organisations avancent, testent, adaptent et progressent ensemble vers un numérique plus responsable.
Sobriété numérique : par où commencer ?
Plusieurs leviers simples ont émergé tout au long de la matinée :
Parmi les bonnes pratiques mises en avant tout au long des échanges :
- Réfléchir avec ses parties prenantes à sa démarche engagée
- Allonger la durée de vie des équipements, qui reste le premier levier d’impact.
- Éco-concevoir les services numériques, pour éviter de créer des fonctionnalités ou des interfaces inutilement lourdes.
- Mieux gouverner la donnée, en stockant moins, mais mieux.
- Former et sensibiliser les équipes, car les usages représentent une grande partie des impacts.
- Mesurer pour piloter, grâce à des indicateurs adaptés (ACV, bilan GES, indicateurs de sobriété…).
Ces actions rappellent que la sobriété numérique vise avant tout à mieux maîtriser nos usages.
Conclusion : une dynamique collective en mouvement
Cette matinée l’a clairement montré : le numérique responsable ne doit pas être perçu comme une contrainte supplémentaire, mais comme une autre manière de penser la performance.
C’est à la fois :
- un enjeu technique, qui questionne nos infrastructures et nos usages,
- un enjeu culturel, qui invite à revoir nos réflexes et nos priorités,
- et un enjeu stratégique, car un numérique plus sobre et maîtrisé renforce à la fois la capacité d’adaptation des organisations face aux contraintes à venir et la crédibilité de leurs engagements auprès de leurs parties prenantes.
Les intervenants l’ont rappelé : les années à venir peuvent être porteuses de progrès, à condition d’avancer collectivement, pas à pas, par l’acculturation, le dialogue et l’action.
C’est dans cette logique qu’Optesys Conseil a initié le Collectif des Agitateurs engagés : un espace d’échanges destiné à croiser les regards, partager des pratiques concrètes et accompagner les organisations dans une démarche progressive et réaliste.
Pour aller plus loin
Podcast — Futurs Numériques : “Ceux qui parlaient numérique responsable”
Avec :
- Erwann Fangeat (ADEME)
- Amélie Cordier (Graine d’IA)
- Sarah Maisonneuve (Les Ateliers du Bocage)
- Rodolphe Griveau (Optesys Conseil – Collectif des Agitateurs Engagés)
Écouter l’épisode : Futurs Numériques - S5E7 - Ceux qui parlaient numérique responsable - Emission spéciale avec ADN Ouest - Futurs Numériques | Podcast on Spotify