Intelligence artificielle au travail : des salariés motivés, mais encore trop seuls
Alors que l’intelligence artificielle s’installe durablement dans le monde professionnel, une étude Ipsos menée pour l’école Jedha avant l’été 2025 révèle un paradoxe frappant : les salariés français sont curieux, volontaires… mais souvent livrés à eux-mêmes face à cette révolution.
Près de trois ans après l’arrivée de ChatGPT, l’IA s’impose dans le quotidien professionnel. La transformation est bien engagée mais l’accompagnement humain ne suit pas toujours le même rythme. Face à cette mutation, l’enjeu pour les entreprises n’est plus seulement d’adopter de nouveaux outils, mais d’aider leurs équipes à les apprivoiser collectivement, avec méthode et confiance.
Une révolution qui creuse les écarts
Selon l’enquête Ipsos, 41 % des actifs français utilisent l’IA dans leur travail, mais seuls 11 % le font régulièrement.
En parallèle, 28 % des salariés se disent dépassés par ces nouveaux outils.
Et les écarts se creusent : les jeunes (78 %) et les cadres supérieurs (75 %) se montrent plus à l’aise, tandis qu’un tiers des 50–65 ans avouent se sentir perdus.
Ces chiffres traduisent une réalité visible dans de nombreuses organisations : la technologie avance vite, mais l’acculturation humaine progresse plus lentement.
Ce décalage crée une tension silencieuse entre ceux qui maîtrisent déjà ces outils et ceux qui les subissent encore.
Le Shadow IA, symptôme d’un manque de repères
L’étude souligne un autre phénomène préoccupant : le recours massif à des outils IA personnels.
57 % des utilisateurs déclarent utiliser leurs propres outils, dont 28 % sans en informer leur hiérarchie.
Ce Shadow IA traduit à la fois une envie d’expérimenter et un besoin de repères.
Quand la curiosité dépasse la gouvernance, les initiatives se multiplient… mais souvent dans le désordre.
Les risques sont réels : perte de cohérence, faille de sécurité, absence de stratégie globale.
Autrement dit, l’IA avance plus vite que la réflexion collective.
Les entreprises peinent à accompagner la transformation
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 76 % des actifs n’ont reçu aucune formation à l’IA, et seuls 25 % se sentent réellement accompagnés par leur entreprise.
Les solutions technologiques se multiplient, mais les stratégies d’acculturation tardent à suivre.
Résultat : un sentiment d’isolement grandissant chez des salariés pourtant désireux d’apprendre.
Une envie d’apprendre forte, mais encore peu soutenue
Bonne nouvelle : les salariés ne rejettent pas l’IA, ils veulent la comprendre.
- 70 % souhaitent mieux en saisir le fonctionnement,
- 67 % jugent urgent que leur employeur propose des formations,
- 60 % sont prêts à se former eux-mêmes, à condition que ce soit intégré à leur rythme.
Les formats préférés ? Des modules courts, concrets et flexibles, réalisés pendant le temps de travail.
Cette approche révèle une attente simple : apprendre sans être submergé, expérimenter sans peur, comprendre avant d’appliquer.
Ce n’est pas la technologie qui freine la transformation, mais le manque de structure et de pédagogie.
Se former à l’IA : entre efficacité et projection professionnelle
Les motivations sont d’abord pragmatiques : 73 % des actifs accepteraient de se former si cela leur permettait d’être plus productifs, un chiffre qui atteint 82 % chez les cadres supérieurs.
Mais la formation répond aussi à un besoin de sécurité et de projection :
43 % des salariés pensent qu’elle pourrait renforcer leur employabilité, quand 45 % restent sceptiques.
Les 18–34 ans et les cadres se montrent plus optimistes (respectivement 48 % et 50 %).
Derrière ces chiffres, une réalité simple : cette envie de se former traduit surtout le besoin de comprendre ce qui change et d’y trouver sa place.
Nos conseils pour bien accompagner vous équipes autour de l’IA
Dans les organisations, ce qui fait la différence n’est pas l’empilement d’outils, mais la clarification des usages :
- donner des repères (ce qui est autorisé, recommandé, à éviter),
- partir des situations de travail réelles (cas d’usage ancrés dans le quotidien),
- acculturer vos équipes à l’IA et ses usages de manière éthique et responsable
- expérimenter, mesurer, puis généraliser quand c’est utile
- mettre en place une charte IA dans votre entreprise
Autrement dit : apprendre en faisant, sans mettre les équipes en insécurité.