Chapitre 1: Quelques généralités sur le BIM
Le BIM est un sujet d'actualité ... mais encore bien théorique pour bon nombre d'entre-nous !
- En quoi les acteurs du BTP sont-ils concernés ?
- Qu'est-ce que le BIM concrètement ? Faut-il y aller maintenant ?
- Quel sera l'impact sur votre PME ?
En une série d'articles, Ludovic, notre expert BIM, en vulgarisant le concept et les acronymes, expose l'impact de la vague BIM sur les entreprises.
Commençons cette série d'articles par définir les termes et les acteurs principaux du BIM.
BIM
Tout d'abord, l'essentiel: que signifie BIM ?
BIM signifie "Building Information Modeling", ou "Modélisation des Informations du Bâtiment" en Français. Comprenez qu'il s'agit de modéliser (dessiner en 3D) le bâtiment dans son ensemble, en y intégrant les caractéristiques de chaque élément (les murs, l'isolation, le système de chauffage, les menuiseries, les systèmes d'éclairage, etc...).
L'objet du BIM est de favoriser l'interaction entre les corps de métier intervenant sur un même chantier. Chaque acteur travaillant ses objets et venant les insérer dans la maquette globale du bâtiment.
BUILDINGSMART International
BUILDINGSMART International est une association internationale, créée en 1985.
Elle regroupe, dans 24 pays, près de 500 membres, tous professionnels du secteur de la construction.
Sa mission: "soutenir une amélioration qualitative, économique et environnementale de l'industrie de la construction par un meilleur partage de l'information, basé sur des normes internationales ouvertes".
Le principal résultat des travaux réalisés par cette association internationale est la création et le développement des IFC.
L'IFC est un format de fichier 'standard', représentant la liste des caractéristiques générales permettant de décrire un objet (comment on décrit un mur, une fenêtre, une chaudière gaz, ...), et ce, tout au long du cycle de vie du projet (conception, construction, entretien), et quel que soit le point de vue (architecture, thermique, estimatif, ...). L'IFC décrit également les relations entre un objet et les autres.
Ainsi, les logiciels de conception (CAO) peuvent (en théorie) tous lire les fichiers IFC et les associer dans un projet.
Et en France ?
La France joue un rôle prépondérant dans la normalisation du BIM, grâce entre autre au lancement fin 2014, du PTNB*.
*Plan de Transition Numérique du Bâtiment
L’objectif général de ce Plan est de massifier l’usage des méthodes numériques, de la maquette numérique, du BIM chez l’ensemble des professionnels du secteur du Bâtiment (y compris les TPE, PME).
Il est donc nécessaire de préparer l’interopérabilité des logiciels de conception utilisés dans les différents métiers concernés.
Pour ce faire, on doit passer par une méthode standardisée de description d’un ouvrage (les IFC).
Les projets phare du PTNB se basent sur :
- Le développement d’un dictionnaire de propriétés : mise en ligne de 200 objets génériques qui décriront les parties d’ouvrage,
- Le développement d’une bibliothèque de modèles d’objets BIM adaptés au contexte Français : dictionnaire de 2000 propriétés qui permettront de décrire ces objets. Ces propriétés (ex: la performance thermique d'un vitrage) venant s'intégrer dans le format IFC.
Ce dictionnaire a donc vocation à devenir la référence pour que tous les acteurs parlent le même langage (…)
En phase conception jusqu'au marché de travaux, il faut pouvoir préciser les exigences attendues dans les phases amont du développement de la maquette numérique. Les professionnels ont besoin d'objets 'neutres' qui ne fassent pas référence à une marque ou une solution spécifique, mais qui intègrent les caractéristiques techniques utiles au projet. Ainsi, la liberté de variantes et de prescription est respectée.
MEDIACONSTRUCT
MEDIACONSTRUCT est une association loi 1901, créée en 1989.
Mediaconstruct, chapitre francophone (France, Belgique, Luxembourg) de BuildingSMART international (BSI), occupe de longue date une place de premier rang dans les instances de BSI et représente ainsi les intérêts des « BIMers » francophones et de la France.
Mediaconstruct a pour vocation d'aider à la diffusion et l'appropriation des NTIC* dans toute la filière du Bâtiment.
Depuis le milieu des années 90, cette association a pour fer de lance l'interopérabilité* des logiciels dans le cadre de la maquette numérique « libre » normalisée ou OpenBIM.
Elle contribue également à la dématérialisation des données et des échanges dans le monde du BTP.
* NTIC : « Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication »
* L’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs et ce sans restriction d’accès ou de mise en œuvre
L'OpenBIM
L’objectif du BIM est de produire une maquette numérique basée sur une méthode normalisée NF (XP P07-150) et de partager ces informations tout au long du projet du bâtiment ou infrastructures.
C’est une méthode très structurante.
OpenBIM est une initiative de builldingSMART et de plusieurs éditeurs de logiciels leaders du marché utilisant le modèle de données ouvert de builldingSMART.
C’est donc un programme de coopération reposant sur des standards et des processus de travail ouverts.
L’Open BIM garantit l’interopérabilité des logiciels dans le cadre du BIM.
L’OpenBIM et les IFC, permettent à tous les acteurs de travailler autour d’une même maquette, quel que soit le logiciel utilisé par chacun.
Les niveaux du BIM
Vous entendrez parler de BIM suivant une classification par niveau de 0a (la ceinture blanche) à 3b (la ceinture noire du BIM).
En effet, entre l'entreprise réalisant des plans DAO classiques qu'elle fournit au format papier et celle qui intègre l'ensemble des acteurs d'un projet autour d'une maquette numérique commune, il y a plusieurs niveaux d'intégration du BIM.
Ainsi donc, à partir du niveau 2, on produit déjà des plans répondant aux formats du BIM.
Le BIM ce n’est pas simplement des solutions logicielles mais une méthode s’appuyant sur :
- La formalisation des données (données structurées, IFC),
- Un dictionnaire d’objets,
- Des processus nouveaux dans l'entreprise (nous y reviendrons dans un prochain article).
Formats de fichiers
On l'a vu, l’échange d’une maquette numérique n’est possible qu’entre 2 logiciels certifiés au format IFC.
C’est un format de donnée neutre, normalisé ISO et ouvert. Ce format assure donc la bonne communication entre les logiciels qui sont nécessairement hétérogènes sur un même projet.
Il faut donc impérativement utiliser des logiciels de CAO compatibles IFC pour pouvoir se lancer dans le BIM : s’en assurer auprès de votre éditeur ou lors de votre achat de logiciel.
La version la plus récente est "IFC4" (cette version à vue le jour en 2013). Les améliorations avec cette version :
- Une meilleure concordance des interprétations,
- Une liste exhaustive d’objets types,
- Possibilité d’une analyse énergétique et d’un bilan carbone,
- Une plus grande souplesse de modélisation des formes,
- Une visualisation plus simple des objets,
- Une documentation plus accessible (traduction partielle en Français).
Echanges entre logiciels
Concrètement, les échanges entre logiciels peuvent générer des données plus ou moins fiables.
Il existe donc des logiciels spécialisés dans le contrôle des fichiers IFC : chaque fichier IFC doit être lisible par la suite lorsqu’il va être fusionné avec d’autres fichiers IFC. Il faut donc vérifier que la qualité des données réponde aux normes fixées.
Les logiciels tels que SimpleBim, Revit Model Checker (spécifique à REVIT), Solibri Model Checker (SMC) vous permettront de fournir des données de qualité professionnelles. Ils permettent:
Le contrôle et la gestion des collisions
- Analyse et regroupement des collisions selon leur degré de criticité. Localisation des problèmes (cela permet donc de régler ce type de soucis avant d'être sur le chantier ...)
- Evaluation qualitative de vos fichiers BIM
De détecter les carences, par la mise en place de règles métiers pour rechercher les composants ou matériaux manquants.
De comparer les modèles BIM
- Détection des défauts ou des incohérences entre différents modèles créés par différentes équipes.
- Mutualisation des temps de correction et validation de la correspondance des modèles.
Gérez les demandes de modification et de révision
- Gestion et traçabilité des modifications entre deux révisions d'un même modèle.
- Gain de temps par la visualisation et la vérification des modifications.
BFC
Vous entendrez parlez aussi du format BFC* qui permet de séparer la communication de messages décrivant les problèmes découverts sur la maquette du modèle lui-même (ce qui allège les échanges de données).
Ce format est lu dans de nombreuses applications.
On intègre donc au BIM cette notion collaborative qui devra faciliter le travail entre corps de métier.
BFC : Format de collaboration pour le BIM
Le BIM Manager
Le BIM Manager est une fonction dans l’entreprise à part entière, qui a pour objectif de garantir la fiabilité des données et l’échange des maquettes numériques entre les différents acteurs d’un projet.
Si le BIM est déjà intégré principalement chez des architectes et certains bureaux d’études, les entreprises sont attentives à cette innovation numérique qui facilitera les échanges entre les acteurs de la construction pour la gestion du projet, pour améliorer la qualité du bâtiment et pour optimiser les coûts et délais de construction.
Il existe un Guide Méthodologique pour les conventions de projet en BIM élaboré par Médiaconstruct.
(Ce document est non obligatoire, mais il fournit des éléments de références mis en place par des professionnels liés aux métiers du bâtiment).
Prochain chapitre
Notre prochain article abordera le cycle de vie du BIM et les conséquence de la mise en place du BIM sur l'organisation interne des entreprises.